Et deux césariennes !
Au bout de deux ans et demi, ma deuxième fille s’annonçait… J’étais étrangement très optimiste comme si cette grossesse ne pouvait que se passer mieux que la précédente. J’allais être forcément mieux suivie. Et c’est ce qui se produisit. Mon gynécologue me mît sous aspirine nourrisson qui est le traitement de référence pour éviter les récidives de préeclampsie. J’étais convaincue que j’allais accoucher par voie basse. Le médecin m’avait prévenu qu’on ne peut provoquer un accouchement sur un utérus cicatriciel. Si le bébé ne se présentait pas de lui-même, on serait obligé de pratiquer une seconde césarienne. Mais j’y croyais alors : la majorité des femmes accouchent par voie basse, pourquoi pas moi ?
Les mois se sont succédé sans qu’aucun symptôme d’hypertension n’apparaisse. Cependant la date de l’accouchement approchait dangereusement et je n’avais pas l’ombre d’une contraction. Par précaution le médecin avait réservé le bloc opératoire un jour avant le terme. Finalement, une semaine avant la naissance de ma petite, je paniquais totalement : il fallait qu’elle sorte, sacrebleu ! J’ai fait les centres commerciaux pour m’épuiser, mon mari y a mis du sien. Rien à faire ! C’est donc le cœur lourd, la larme à l’œil que je me suis rendue à l’hôpital pour ma seconde césarienne. Mon rêve d’un accouchement normal avait fait long feu.
Arrivée sur place, j’ai eu droit au rasage de la zone, puis à l’heure dite, on m’a emmené au bloc. Mon mari s’est encore retrouvé installé dans le couloir à poireauter. L’ambiance de cette salle de bloc de l’hôpital d’Orsay n’avait rien à voir avec celle de Trousseau : petite, basse de plafond et surtout bien remplie. L’équipe était nettement plus nombreuse que lors de ma première césarienne. La seule chose qui m’ait choquée a été la présence du brancardier qui est passé du côté de mon entrejambe, suffisamment longtemps pour me connaître intimement en tous les cas. Il ne me semblait pas qu’il faisait partie du staff médical et donc qu’il était légitime pour lui d’avoir cette vue !
On m’a posé la sonde urinaire, c’est rapide et sans douleur. Une jeune infirmière anesthésiste très souriante m’a prise en charge. Elle m’a véritablement accompagné tout du long, me parlant, m’interrogeant, réajustant la dose de produit injectée pour éviter toute nausée. Elle m’a même proposé de prendre des photos de moi avec ma belle charlotte blanche et de mon bébé. Je me suis sentie entourée et rassurée. Le médecin a été discret mais agréable. Comme la première fois, le bébé est sorti en à peine cinq minutes, comme un lapin de son chapeau. Pas le temps de dire ouf, un bisou et elle était emmenée pour les soins. Quelle frustration d’être bloquée sur la table d’opération pendant que le papa pouponne de l’autre côté du mur ! Cette fois, j’ai eu droit à une césarienne recousue au fil.
Je n’ai passé que deux à trois heures en salle de réveil. Épuisée par tant d’émotions, j’ai dormi comme une masse avant de retrouver mon bébé dans ma chambre. Les suites d’opération ont été beaucoup moins gênantes que la première fois car j’étais en bien meilleure forme. On m’a enlevé ma sonde urinaire après le temps réglementaire alors qu’elle avait été oubliée à Trousseau et que j’avais quitté l’hôpital avec une infection urinaire. Malheureusement j’ai encore marché comme une octogénaire pendant quelques jours avant de me redresser au fur et à mesure. Entre le Doliprane et l’Ibuprofène que j’alternais, il n’y avait pas de grande place pour la douleur. Une fois seulement j’ai senti une sensation de brûlure intense alors que j’avais tiré sur la cicatrice sans le vouloir (en éternuant peut-être).
Usée par le bruit ambiant de la maternité, j’ai demandé à rentrer au bout de quatre jours. Il faut savoir que le temps d’hospitalisation est de 5 à 6 jours pour une césarienne, soit deux à trois jours de plus que pour un accouchement normal. J’ai alors bénéficié de l’hospitalisation à domicile (HAD) : une sage-femme est venue vérifier l’évolution de la cicatrice, puis m’enlever les points de suture (elle m’a aussi conseillé pour la mise en route de l’allaitement). Cela n’a pas été plus désagréable qu’avec les agrafes. Pas de quoi en faire tout un plat. Le gynécologue avait incisé précisément dans la précédente cicatrice afin que je n’en ai qu’une seule. Quelle excellente décision car celle-ci a mûri correctement, bien plate, puis a blanchi avec les années.
