Si la prostitution m’était contée

J’ai toujours été intéressée par la condition féminine, cela d’autant plus que j’ai trois filles. Imaginer la vie que nous aurions pu mener à d’autres époques ou dans d’autres pays me laisse toujours pensive. Quant à l’avenir, que réserve-t-il aux femmes, vaste question…

Grande lectrice, j’aime lire une bonne bande-dessinée de temps à autre. Aussi quand je suis tombée sur « Histoire de la prostitution » à la bibliothèque, je n’ai pas hésité. En apprendre plus sur ce fléau (?) tout en me détendant, je dis banco.

Une collection multi-thématique

Je connaissais déjà la collection « La petite bédéthèque des savoirs » grâce au volume sur le féminisme déjà empruntée à la bibliothèque. Le principe d’aborder un sujet sérieux de manière très synthétique en images et surtout de manière relativement neutre m’avait déjà paru très attrayant. Il y a de nombreux titres (29 en tout) sur des sujets très variés qui me font envie : l’adolescence, le burn-out, le libéralisme… Ce ne sont pas toujours les mêmes auteurs et dessinateurs, ce qui donne une personnalité bien propre à chaque ouvrage.

Quid de la prostitution

Je ne vais pas vous relater de manière détaillée tout ce que j’ai appris car cela supprimerait tout intérêt de lire cette BD. Par contre, voici ce qui m’a le plus interpellée dans l’histoire de la prostitution.

  • La prostitution est très ancienne
    Les archéologues ont découvert en 1901 le fameux code du roi Hammourabi qui a régné sur la Mésopotamie de -1792 à -1750. Il y est fait référence aux prostituées. Celles-ci n’appartenaient pas à un mari et étaient par conséquent plus libres, mais on les obligeait à déclarer leur activité et à « exercer » sur les remparts, loin du centre ville.
  • Les athéniens avaient institutionnalisé les bordels
    Ils avaient créé des bordels municipaux remplis de pornai qui devaient travailler absolument nues. Très bon marché souvent d’origine barbare, elles devaient servir de défouloir aux désirs des hommes pour qu’ils se tiennent tranquilles dans la cité.
  • Les prostituées de haut vol existaient déjà à Athène
    Les hétaïres maîtrisaient le chant, la danse et étaient les compagnes des hommes les plus en vue. Certaines très influentes étaient détestées par les intellectuels de l’époque.
  • Rome était un bordel géant
    La ville était gangrénée par la prostitution. Les putains étaient mal vues et n’avaient aucun droit, mais ne pouvaient pas être accusées de crimes liés au statut de citoyen. Cependant beaucoup de femmes de la haute société se faisaient inscrire au registre des prostituées après un veuvage : ainsi elles restaient totalement libres ! Il faut dire que les courtisanes ou meretrix comme à Athène pouvaient évoluer dans les hautes sphères et avoir une position avantageuse.
  • Au moyen-âge, les bordels versaient une partie de leurs recettes aux communes
    Les religieux allaient fréquemment y passer du bon temps, c’était toléré !
  • La prostitution au Japon était extrêmement codifiée
    Les prostituées étaient reléguées, notamment dans l’ancien Tokyo, dans un quartier qui leur était réservé. Pour pouvoir toucher une putain de luxe, le parcours était long ! L’homme devait d’abord négocier un rendez-vous avec celle de son choix mais via un intermédiaire. Les geishas l’accueillaient, le distrayaient par des chants et des danses, mais pour cela il devait payer un banquet. Il ne rencontrait même pas la courtisane et devait à la fin du repas rentrer chez lui ! Ce n’est qu’au troisième banquet que l’homme pouvait espérer la rencontrer . Bien sûr il existait des prostituées « bas de gamme » pour qui la vie était tout sauf facile !
  • En 1946, les maisons closes ont été interdites en France. Marthe Richard, ancienne aviatrice, conseillère municipale parisienne, avait réussi au terme d’une campagne auprès de l’opinion à faire passer la loi qui porte son nom. Incroyable mais vrai : Marthe Richard apparaissait dans le fichier national de la prostitution !

Et la morale dans tout ça ?

Je n’évoquerai pas la prostitution en Espagne, à Florence, en Algérie et le soulèvement des prostituées en 1975 à Lyon, menées par Ulla. Tout cela, je vous invite à le découvrir dans ce livre écrit par le philosophe belge Laurent De Sutter et illustré par Agnès Maupré. A défaut de vous indiquer quoi en penser , cela vous donnera des connaissances sur le sujet. Pour ma part, je suis bien incapable d’avoir une position morale sur la prostitution. Quand elle est subie, imposée, elle est ignoble, mais quand elle est choisie ? Vaste débat…

Pour en savoir plus sur la collection : la page internet de son éditeur

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